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Harmonie et fanfare

À l'époque de Louis XIV, l'orchestre d'harmonie n'existait pas encore, mais chaque régiment militaire possédait une fanfare. C'est vers le milieu du XVIIIe, à l'époque de Louis XV, que se forme l'orchestre d'harmonie. C'est précisément en 1764 que s'est constitué l'un des premiers orchestres. Celui-ci est composé d'une flûte, de deux cors, d'un serpent, de cymbales et d'une grosse caisse.
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L'orchestre d'harmonie est un ensemble musical composé de plusieurs familles d'instruments de musique. Aujourd'hui on y trouve les familles des bois, des cuivres et des percussions ainsi que la contrebasse. Pour certaines œuvres, la harpe, le piano, la guitare, la voix, etc. peuvent rejoindre l'ensemble musical. 
Si aujourd'hui ce type d'orchestre est composé d'une grande variété d'instruments, ce n'est pas le cas lors de sa conception. C'est à partir de la révolution française que l'harmonie se complexifie en agrandissant sa palette sonore. Des instruments comme la clarinette, le saxophone, l'euphonium etc., rejoindront l'harmonie. En ce temps là, la qualité des orchestres d'harmonie était loin d'égaler celle des orchestres symphoniques. Une grande partie des compositeurs ne trouvent pas d'intérêt à écrire pour cet ensemble. Dans le livre intitulé "Projet de reconstitution Lou
des musiques d'harmonie sur des bases nouvelles" d'Auguste Gérardin*, datant de 1900, il y décrit l'orchestre d'harmonie ; "… l'orchestre, très inférieure sous le rapport de la justesse, de la délicatesse, et du fini de l'exécution, sa contexture la condamne à rester qu'au deuxième plan." Il insinue que l'harmonie est inférieure au symphonique. Les compositions et les transcriptions de musiques symphoniques ne sont que très rarement de bonne qualité, ce qui ne favorise pas l'amélioration de ces ensembles. Plusieurs guides, comme celui    Lecornet
d'Auguste Gérardin cité précédemment, sont rédigés pour aider les orchestres amateurs à progresser. Voici en exemple, l'organisation d'un orchestre d'harmonie de l'Infanterie dans le milieu du XIXe : 1 petite flûte, 1 petite clarinette, 14 grandes clarinettes, 2 clarinettes basses, 2 saxophones, 2 hautbois, 2 bassons, 2 trompettes à 3 cylindres, 4 cors à 3 cylindres, 1 petit saxhorn, 2 saxhorns alto, 3 saxhorns, 4 saxhorns basses, 1 trombone à cylindre, 2 trombones à coulisses, 5 percussionnistes pour la batterie et bien-sûr 2 cornets à pistons !
Le cornet à pistons, innové au début du XIXe, joue un rôle important dans les ensembles musicaux en France. Sa popularisation par les concerts Musards, les virtuoses et l'intérêt qu'éprouvent les compositeurs pour cet instrument (voir Âge d'or) accroissent sa pratique et c'est ainsi que se forme de grandes classes d'élèves dans toute la France. Pour une grande partie des instruments à pistons, les doigtées sont équivalents. La basse à quatre pistons par exemple est une exception. Cela donne l'occasion, pour une classe d'une vingtaine d'élèves cornettistes, de pratiquer différents instruments comme le saxhorn, la basse à trois pistons, le bugle, etc. et de former ce qu'on appelle une fanfare. La fanfare possède un atout majeur que l'harmonie n'a pas. Il est possible pour cet ensemble de jouer en extérieur, les cuivres et les percussions ne craignent pas les intempéries. 
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La fanfare auparavant était un ensemble de trompettes sonnées par des guerriers. Aujourd'hui, une fanfare est un ensemble musical constituée de 2 familles. La famille des cuivres et la famille des percussions.
Dans le guide "Fanfares civiles" de Théodore de Lajarte*, écrit en 1887, ce dernier dénigre le cornet à pistons; "Vous connaissez tous la portée de ces instruments, dont les compositeurs modernes ont peut-être un peu trop abusé, suivant moi, et qui commence à lasser les oreilles délicates. Son timbre, un peu vulgaire, gagne beaucoup à être doublé, soit par les trompettes, quand le trait est conçu dans le caractère qui leur est propre…". Son guide ayant pour objectif le développement des ensembles amateurs, n'amoindri en aucun la place qu'à le cornet à pistons. L'effectif qu'il propose est d'un cornet solo, d'un 1er piston, d'un 2e piston, voir même d'un 3e piston. Son dégout envers le cornet ne s'oppose pas au fait que celui-ci a une place importante aussi bien dans la fanfare que dans l'harmonie. 

Quelle est la place du cornet à pistons dans ces ensembles aujourd'hui ?

Dans le monde professionnel, l'orchestre d'harmonie compte couramment six trompettistes. Ces derniers utiliseront les instruments adéquats aux œuvres interprétées. Si un compositeur écrit pour trois trompettes et trois cornets à pistons, trois d'entre eux joueront du cornet à pistons. Idem s'il est nécessaire de jouer du bugle. Imaginons qu'une œuvre demande plus de six petits cuivres (musiciens jouant de la trompette, du cornet et du bugle), des renforts sont ajoutés au pupitre. 

Dans le monde amateur, toute personne jouant d'un instrument de la famille des cuivres, ne possède pas nécessairement tous les autres instruments. Un cornettiste n'a pas obligatoirement une trompette et un bugle. Certains orchestres ont la chance d'avoir un pupitre de petits cuivres complets, mais ce n'est pas toujours le cas. Dans des sociétés plus petites, les musiciens joueront les partitions les plus importantes ce qui explique que, parfois, le cornettiste se retrouvera peut-être avec une partition de trompette.

Le cornet à pistons est fréquemment utilisé dans l'orchestre d'harmonie. Cependant, il l'est beaucoup moins que la trompette. Il est alors stratégique pour un orchestre professionnel d'être pourvu d'un pupitre de trompettistes éclectiques. Ce fonctionnement est utilisé aussi pour les orchestres symphoniques composés généralement de trois trompettistes.
Aujourd'hui, un quiproquo s'est installé dans l'utilisation des mots "fanfare" et "harmonie". Certaines sociétés musicales possédant des instruments de la famille des cuivres, des bois et des percussions, se caractérisent comme des fanfares alors qu'il s'agit d'harmonies.
Ce chapitre est inspiré de :
*GÉRARDIN Auguste. Projet de reconstitution des musiques d’harmonie sur de bases nouvelles. France, 1900.

*DE LAJARTE Théodore. instruments-Sax et Fanfares civiles Etude pratique. Librairie des auteurs et compositeurs 10, rue de la bourse, Paris, s. d.
Journal of the military service institution 1878-1908, s. d.
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