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La production du son

Le cornet à pistons est un instrument de musique appartenant à la famille des cuivres. Ces instruments sont principalement composés d'une embouchure, d'un tuyau et d'un pavillon.

Comment produire un son ?

Pour produire un son, le musicien doit placer ses lèvres sur l'embouchure et les faire vibrer tout en soufflant de l'air qu'il a mis préalablement en surpression dans sa bouche. Les lèvres vont s'écarter plus ou moins et laisser passer un débit d'air plus ou moins important ce qui déterminera la fréquence de la note voulue par l'instrumentiste. L'air rentre ensuite en résonance dans le tuyau de l'instrument ce qui produit une onde sonore. 

L'embouchure joue un rôle important dans la production du son. Elle est composée de différentes parties qui ont une influence sur le timbre et sur le jeu de l'instrument. Le diamètre de l'embouchure dépend de l'instrument et des lèvres du musicien.

- La queue de l'embouchure est la partie que l’on met dans l'instrument et qui permet de transmettre les vibrations. Sa forme interne est caractérisée par un évasement ou une conicité et par sa longueur.

La queue de l’embouchure permet une amplification du signal sonore à l'entrée de l’instrument. Elle est aussi appelée « cône de queue ».
 

- Le grain de l’embouchure se situe dans la partie la plus étroite de celle-ci, au fond de la cuvette, à l'entrée de la queue.

Le diamètre de grain influe sur la résistance de l'air soufflé par le musicien. Un gros diamètre favorisera le volume sonore au détriment de l'endurance. Un grain étroit renforcera la richesse harmonique du timbre et permettra une meilleure endurance.

- La profondeur de la cuvette influe sur deux éléments : le timbre de l'instrument et la facilité d'émettre les notes graves ou aiguës. Si la cuvette est profonde, l'instrument possédera un timbre doux et rond, pauvre en harmoniques et l'émission des notes graves sera facilitée. A l’inverse, si la cuvette est plus relevée, l'instrument possèdera un timbre brillant et éclatant, riche en harmoniques et l'émission des notes aiguës sera facilitée.

- Le bord de l’embouchure, en fonction de sa largeur et de sa forme (plate, arrondie ou tranchante) permet au musicien de poser l’embouchure sur ses lèvres confortablement. Un bord large va favoriser l'endurance au détriment de la souplesse de jeu tandis qu’un bord fin l'améliorera.​

Figure 1*

Le placement des lèvres sur l’embouchure dépend de la morphologie de chacun. Dans sa thèse "L’art de jouer les cuivres" , Philip Farkas, après avoir observé ses collègues du pupitre des cuivres de l'orchestre symphonique de Chicago, a constaté que pour les cuivres, la lèvre supérieure occupe environ les deux tiers de l'embouchure et la lèvre inférieure un tiers.

Placement des lèvres vu de l'intérieur de l'embouchure.

Figure 2*
Figure 3

Embouchures de trompette

Embouchures de cornet

L'embouchure du cornet et celle de la trompette sont différentes. Pour la trompette, elle est généralement plus étroite et plus grande que celle du cornet.

Le son du cornet à pistons est donc plus rond et plus chaleureux que la trompette. Sa tessiture est aussi plus restreinte par rapport à la trompette qui a plus de facilité à monter dans le registre aigu. 

Comme dit ci-dessus, pour produire un son, le musicien place ses lèvres sur l'embouchure et les fait vibrer. Pour faire une note, l’instrumentiste doit effectuer un coup de langue, c’est à dire qu’il place le bout de sa langue entre ses lèvres pour bloquer le flux d’air et la retire d’un coup pour que le souffle soit libéré et produise un son dans l’instrument. Pour faire des notes dans le grave, le musicien doit desserrer ses lèvres et diminuer la pression d’air. Pour jouer dans le médium grave et dans l'extrême grave, le musicien ouvre plus sa mâchoire pour permettre à l’air de passer plus facilement tout en détendant ses lèvres. Pour aller dans l'aigu, il accélère la vibration de ses lèvres en les tendant et en augmentant la pression d'air. Cette maîtrise de la tension des lèvres se fait inconsciemment avec le temps : le musicien modifie la pression de l'air et la raideur des lèvres s'adapte instinctivement.

Le débit d’air est aussi important dans la production d'un son. Il permet de faire des nuances allant du pianissimo (petit débit d’air) au fortissimo (grand débit d’air). La combinaison entre les petits débits d'air et les grandes pressions est difficile car la pression a tendance à accélérer le débit d’air. C’est pour cela que jouer piano dans l’aigu est compliqué. Les exigences physiques varient en fonction des instruments : plus l'instrument est petit, plus la pression nécessaire pour jouer doit être élevée mais moins le débit d’air sera important. Par exemple, une trompette nécessite un débit de quelques centilitres d'air par seconde mais on a mesuré une pression de plus de 2 bars dans la bouche de certains trompettistes tel qu'Adolf Scherbaum. Au contraire, un sousaphone ou un tuba nécessite une pression à peine supérieure à la pression atmosphérique (environ 1,013 bar) mais un grand débit d’air (en jouant forte il est difficile de jouer plus de dix notes en n'ayant respiré qu'une seule fois).

La langue a aussi un rôle à jouer dans la production des notes et surtout dans la hauteur de celles-ci. Pour l'émission de notes dans le grave, la langue se place au fond de la bouche alors que dans l'aigu, la langue monte vers le palais. Elle permet aussi de détacher les notes afin qu'elles soient bien distinctes les unes des autres. Pour cela, le musicien vient placer la pointe de sa langue entre ses lèvres pour retenir l'air dans sa bouche et, une fois qu'il obtient la bonne pression d'air nécessaire à la note qu'il souhaite jouer, il retire sa langue qui libère l'air et permet à ses lèvres de vibrer.

La langue permet aussi de détacher les notes rapidement. Une technique, appelée "le coup de langue", a été développé par le célèbre cornettiste Jean-Baptiste Arban. Pour la réaliser, il faut que le musicien attaque une note avec le bout de sa langue comme s’il prononçait « Tu » puis qu’il attaque la note suivante en prononçant « Ku » et non plus avec la pointe de sa langue. On peut l’observer sur la vidéo mise plus bas de l’IRM de Sarah Willis à 6 min 28, lentement et à 6 min 52, rapidement. Le coup de langue peut être binaire (double) ou ternaire (triple). Pour réaliser le coup de langue binaire, le musicien va attaquer ses notes en prononçant « Tu Ku Tu Ku Tu » alors que pour jouer le coup de langue triple, celui-ci va prononcer « Tu Tu Ku Tu Tu Ku Tu ». Cette technique permet de détacher les notes plus rapidement qu’en faisant seulement « Tu Tu Tu Tu » où là, les musiciens se retrouvent bloqués dans la vitesse car la point de la langue n’arrive plus à suivre.

Pour les cuivres modernes, la quasi-totalité du son est émise par le pavillon. Les caractéristiques de ce dernier ont une influence importante sur la sonorité. Plus l’angle d'ouverture est grand et plus la diffusion du son sera meilleure alors qu'un pavillon plus petit contribuera à n'envoyer le son que dans une seule direction.

Beaucoup de choses se passent dans la bouche d'un cornettiste/trompettiste. Pour mieux visualiser tout ça, le lien ci-dessous vous mène sur une vidéo de Sarah Willis, corniste de l'Orchestre Philharmonique de Berlin où elle présente quelques exercices sous IRM.

Les harmoniques

Un son de hauteur fixe est une série de vibrations élémentaires appelées : harmoniques naturels. Les cuivres sont des instruments qui travaillent sur un nombre d'harmoniques élevé. La fréquence de ces derniers est multiple du fondamental. La fréquence fondamentale est celle du premier partiel harmonique du son considéré, on l’appelle aussi harmonique 1 ou harmonique fondamental (fig.4).

En partant d'une note de référence (la fondamentale),  ici le Do (2), on construit la suite des premiers harmoniques correspondant à des notes. Le deuxième harmonique est l’octave de la fondamentale. Le troisième harmonique est la 12e, ce qui correspond à une quinte au-dessus de l'octave, sa fréquence est le triple de la fréquence de la note de référence.

Figure 4
Figure 5

Un clairon, lui, va jouer principalement sur les harmoniques 3 (Sol), 4, 5 et 6, ce qui donne un registre assez restreint mais suffisant pour la signalisation telles que les sonneries militaires.

La trompette de cavalerie et le cor de chasse sont construits à partir d'un tuyau plus long. Les musiciens peuvent donc travailler sur des harmoniques plus élevés, donc plus rapprochés ce qui donne des mélodies plus riches.

 

Sur les cuivres modernes, un allongement artificiel du tuyau grâce aux pistons, aux palettes ou à la coulisse pour le trombone, permet l'accès aux autres notes de la gamme chromatique. Les pistons ou les palettes, généralement au nombre de trois, permettent d’abaisser d'un ton pour le premier piston, d'un demi ton pour le deuxième et d'un ton et demi pour le troisième. Ces abaissements peuvent être cumulés en appuyant sur plusieurs pistons en même temps. On peut alors obtenir un abaissement de l’harmonique jusqu'à 3 tons, ce qui suffit pour pouvoir jouer toutes les notes de la gamme et non pas que les premiers harmoniques du jeu standard.

Ce chapitre est inspiré de :

Band directors talk shop, "trumpet embouchure basics". Consulté le 18 février 2023.  https://banddirectorstalkshop.com/trumpet-embouchure-basics/

Le Brass, "Apprendre la Trompette - 4 exercices techniques plus près du but ! " Consulté le 2 mai 2023.                      

https://www.lebrass.com/fr/trompette/apprendre-la-trompette/ 

Wikipédia, "Fréquence fondamentale". Consulté le 23 mars 2023. https://fr.wikipedia.org/wiki/Fréquence_fondamentale. 
Wikipédia, "Mode harmonique" Consulté le 23 mars 2023.  https://fr.wikipedia.org/wiki/Mode_harmonique.

Wikipédia , "Clairon". Consulté le 23 mars 2023.                    https://fr.wikipedia.org/wiki/Clairon. 


figure 2* https://banddirectorstalkshop.com/trumpet-embouchure-basics/
figure 4* Syllabus d'Acoustique (601) de Vincent Bruyninckx-Calis
figure 5* https://fr.wikipedia.org/wiki/Clairon
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