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Les États-Unis et le jazz

L'apparition du cornet  à pistons aux États-Unis

À la suite de la guerre de Sécession (1861-1865), les orchestres amateurs et professionnels se popularisent et augmentent drastiquement. Le nombre de musiciens s'accroît ainsi que la demande d'instruments de musique. La période entre 1865 et 1915 est considérée comme l'âge d'or pour les fanfares.
Jules Levy (fig.1), excellent cornettiste londonien né en 1838, part pour une tournée aux États-Unis en 1866. Plus tard, il y immigrera. Il est possible que ses prestations soient une des raisons associées à l'intérêt des américains pour le cornet à pistons. En réponse à ses concerts, la société Wright & Co. propose un cornet à pistons à Boston. L'importation et l'immigration de facteurs d'instruments se développent.
Jules_Levy_by_Jose_Maria_Mora,_1880s.jpg

figure 1*

Deux types de cornets vont se faire connaître aux États-Unis :

- Les cornets à pistons de haute gamme : ceux-ci sont fabriqués directement par des immigrés formés en Europe et vivant sur la côte Est des États-Unis. Ces facteurs développent des cornets basés sur les modèles de Besson et Courtois ou alors, ils sont importés depuis les grandes industries françaises et anglaises (en grande partie par Besson et Courtois).

- Le second type : ce sont les cornets de bas de gamme. Bon marché, ils proviennent d'industries françaises, allemandes et surtout bohémiennes. Ces cornets sont des copies de Besson et Courtois plus ou moins bien faites. Ce deuxième type domine le marché aux États-Unis.

Les modèles de cornets français finissent par rependre la tête du marché dans les années 1880.

La trompettisation du cornet à pistons

Louis Armstrong (1901-1971), né à la Nouvelle-Orléans, est sans aucun doute le trompettiste jazz le plus connu de son époque. Venant d'une famille très pauvre, son premier instrument lui est offert par une famille juive, il s'agit d'un cornet à pistons. 

Il démarre sa carrière au cornet. Mais par la suite, la société Harry B. Jay. Co propose "The Wonderful Combination Cornet and Trumpet". Deux tuyaux de différentes largeurs et interchangeables qui permet d'installer une embouchure de cornet ou de trompette. Louis Armstrong achète cette trompette-cornet.
trompettisation du cornet_2.jpg

figure 2*

Sur cette illustration (fig.2), le groupe King Oliver's Creole Jazz Band. Au bas de celle-ci, on y voit la trompette-cornet d'Harry B. Jay Co. appartenant à Louis Armstrong. Dans les années 1920, lors des enregistrements avec son groupe Hot Five, Louis passera définitivement à la trompette.
Le cornet à l'époque d'Armstrong se transforme petit à petit en trompette. L'illustration suivante (fig.3) nous montre bien le mélange de ces 2 instruments. La shepherd crook, caractéristique spécifique du cornet, est encore présente sur le modèle. Au fil du temps, la trompette prend de l'envergure au contraire du cornet qui s'affaiblit. Par la suite, le cornet à pistons reprendra de l'ampleur. Ses caractéristiques le distingueront de la trompette : chaleur contre brillance, le cornet sera proposé à la vente comme complémentaire à la trompette. 
trompettisation du cornet_3.jpg

figure 3

Trompette-cornet en si bémol et la, Columbia line, n°7137, Harry B. Jay Co., Chicago, ca. 1919 (NMM 6918)
Le lien ci-dessus vous emmène à un talk show de Walter Isaacson avec comme invité Wynton Marsalis. Ce dernier présente Buddy Bolden, l'inventeur du jazz et vient à parler de la transition du cornet à la trompette.

Le cornet à pistons dans le monde du jazz

La place du cornet à pistons est très limitée dans le monde du jazz. Si sa présence est restée importante au début du jazz, c'est probablement grâce à la vente de cornets (venant d'harmonies)  dans les marchés de la Nouvelle-Orléans. Par la suite, la trompette, qui a la faculté de jouer bien au-dessus du contre-ut contrairement au cornet, s'impose dans le monde du jazz. Cependant, certains musiciens comme Boddy Bradford, Olu Dara et Graham Haynes prennent tout de même du plaisir à jouer du jazz sur un cornet à pistons.
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