top of page

L'orchestre symphonique

L'apparition du cornet à pistons dans l'orchestre symphonique

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, certains compositeurs trouvent de l'intérêt pour le cornet à pistons (voir Âge d'or). L'un des premiers compositeurs qui a écrit en intégrant le cornet dans l'orchestre symphonique est le célèbre Georges Bizet : l'œuvre est l'opéra "Carmen" (1875). Dans celle-ci, on retrouve deux cornets en la. Ce trait d'orchestre (fig.1) est particulièrement connu chez les trompettistes/cornettistes puisque le fa dièse en la, est impossible à jouer naturellement avec les instruments modernes (voir La production du son). Il est nécessaire, pour l'interprète de baisser le fa dièse (en la)/fa (en si bémol) en allongeant les coulisses de l'instrument ou en utilisant le lip bend (flexion des lèvres).

trait d'orchestre carmen.JPG
Figure 1*
Plus tard, le cornet à pistons participera dans plusieurs opéras. Le compositeur Ambroise Thomas écrit, à son tour, un solo pour cornet dans l'ouverture "Le Songe d'une nuit d'été" mais aussi un duo dans le ballet de "Psyché". Le cornet se présente aussi dans de grandes œuvres comme "Samson et Dalida", "Henry VIII", "Hélène" de Camille Saint-Saëns ou encore les ballets de "Roméo et Juliette".
  • La symphonie fantastique de Berlioz 1830

L'engouement de Berlioz pour le cornet à pistons lui permet de se populariser davantage. Une théorie dit que Berlioz détestait la trompette même si certaines de ses œuvres comme la "Symphonie fantastique" sont écrites à l'origine pour trompette à pistons. Toutefois, il réécrit ces parties pour cornet à pistons, en cause le désavantage de la trompette à cette époque. L'utilité que trouve Berlioz au cornet est sa douceur pour les mouvements largos. La trompette naturelle est utilisée pour transmettre des ambiances de guerre et de triomphe.
Dans l'œuvre énoncée précédemment 2 cornets à pistons et 2 trompettes sont présents. Puisque la trompette ne possède pas de piston et ne joue que certains harmoniques, le cornet avec des pistons joue de manière chromatique : ce qui va permettre aux cornets à pistons d'interpréter des passages importants. Dans le second mouvement de la "Symphonie fantastique", "Un Bal"un cornet obbligato en la (rajouté ultérieurement à la composition) exécute des fragments de mélodie à l'aide de sa souplesse et de coups de langue. 
Sur cette illustration (fig.2), un extrait au cornet obbligato du 2e mouvement. Cette partition est transposée pour cornet à pistons en si bémol.

Ci-dessous l'extrait du 2e mouvement avec cornet joué par l'Orchestre National de Lyon et dirigé par Léonard Slatkin.
Symphonie fantastique bal.JPG
Figure 2*
Lors du 4e mouvement, "Marche au supplice", un thème repris plusieurs fois est développé par les cuivres. Les cornets sont aidés par les cors, par les trombones et par les trompettes pour faire sonner ce mouvement de manière majestueuse et brillante.
L'illustration de gauche (fig.3), représente la partie jouée au 1er cornet, celle de droite (fig.4), représente la partie jouée à la 1er trompette. On constate que la possibilité de produire différentes notes à la trompette est très limitée en comparaison au cornet. 
Figure 3*
symphonie fantastique 4e trompette 1.JPG
Figure 4*
En cliquant sur le titre ci-dessous, vous pouvez écouter le 4e mouvement de cette symphonie. Elle est interprétée par le London Symphony Orchestra sous la direction de Sir Simon Rattle. Vous pouvez entendre après une minute et quarante secondes l'interprétation de l'extrait représenté ci-dessus.
  • Le lac des cygnes de Piotr Llitch Tchaïkovski 1876 

Figure 5
lac des cygnes.JPG
Figure 5*
Dans ce ballet, deux cornets à pistons jouant parfois en la et parfois en si bémol sont présents.

Cette œuvre de Tchaïkovski est connue par les  trompettistes/cornettistes pour sa "Danse Napolitaine" (Acte 3 Numéro 22).

Dans cette danse, on observe un solo pour cornet en la. Celui-ci démarre d'un Andantino quasi moderato et accélère jusqu'à un Presto. Ce solo permet au cornettiste qui l'interprète d'exprimer sa virtuosité par son coup de langue, sa souplesse et sa rapidité. Cette illustration (fig.5) vous présente la partie soliste dans son entièreté. 

La "Danse Napolitaine" interprétée par l'Orchestre symphonique de Montréal sous la baguette de Charles Dutoit :
  • Petrouchka de Igor Stravinsky 1911

Sans doute le trait d'orchestre le plus connu du répertoire, il est énormément demandé en concours d'orchestre. "Petrouchka" est un ballet composé de 4 tableaux. Dans la "Danse de la Ballerine" (se trouvant dans le 3e tableau), la ballerine y est interprétée par un cornet. Ce solo (fig.6) a la particularité de n'être accompagné que d'un tambour militaire (petite caisse).

Cependant, Stravinsky décide de réviser la version originale deux fois : en 1947 et en 1965. La version la plus jouée actuellement est celle datant 1947 puisqu'elle demande moins de musiciens et d'instruments. En effet, la version originale demande deux cornets et deux trompettes alors que la version de 1947 a uniquement besoin de trois trompettes en ut. Néanmoins, certains orchestres interprètent encore la version originale de "Petrouchka".
Voici un extrait de ce solo interprété dans la version originale par L'Orquesta de la Radio y Televisión Española :
Petrushka.JPG
Figure 6*
  • L'Histoire du soldat de Igor Stravinsky 1917

"L'Histoire du soldat" est sans doute l'une des œuvres les plus importantes du répertoire du cornet à pistons. Celle-ci est interprétée par un petit orchestre composé d'un violon, d'une contre basse, d'une clarinette, d'un basson, d'un trombone, de percussions et d'un cornet à pistons. 
Ce mimodrame raconte l'histoire d'un soldat qui rencontre le diable lorsqu'il rentre de permission chez lui, en Suisse. Le diable, sous forme humaine, lui propose un échange censé lui être favorable: son livre permettant de lire l'avenir et de devenir riche contre son violon. Le soldat troquant son violon est alors piégé par le diable. Tout au long du récit, le soldat essaie de s'en sortir. La fin de l'histoire nous révèle que le diable est plus fort que le soldat. 
Dans cette œuvre, le cornet à pistons se joue en si bémol et en la. Pour interpréter ce mimodrame, l’instrumentiste doit pouvoir utiliser toutes les qualités du cornet. Du staccato à la souplesse ou du chantant au triomphe, le cornettiste doit être flexible.
"L'Histoire du soldat" a pour introduction la "Marche du soldat". D'abord le soldat rentre de permission : comme on peut le voir dans l'extrait suivant (fig.1), le thème est donné par le cornet à pistons et le trombone. Le cornet ouvre le bal de manière staccato tout le long de cette introduction.
Marche du soldat.JPG
Figure 7*
Extrait sonore :
Dans les scènes suivant la "Marche du soldat", le cornet à pistons n'a pas de partie majeure mais seulement quelques phrases qui lui offrent la possibilité de s'exprimer. Lors de la deuxième partie, cela change. Après avoir exposé une nouvelle fois la "Marche du soldat", c'est au tour de la "Marche Royale" de se présenter : dans cette suite, le soldat apprend que le roi cherche un médecin pour guérir la princesse malade. Il part donc à la conquête de la princesse. La "Marche Royale" doit être jouée par des instruments puissants comme le cornet à pistons et le trombone. Cette marche commence avec un thème exécuté au trombone alors que le reste des instruments jouent ensemble de manière percussive (fig.8) et comme vous pourrez l'entendre dans l'extrait sonore. Le cornet à pistons prend ensuite les rênes. L'instrumentiste joue de manière très détachée et emploie le coup de langue. Certains passages lui permettent d'être plus chantant. A noter que Stravinsky décide, pour la "Marche Royale", d'utiliser un cornet à pistons en si bémol sans doute pour la sonorité du cornet qui se rapproche, à ce moment là, de la sonorité de la trompette puisqu'auparavant, il jouait en la
Marche royale.JPG
Figure 8*
L'extrait sonore se trouve dans le chapitre L'enregistrement.
Pour poursuivre l'œuvre, dans le mouvement "Petit concert", Stravinsky donne encore beaucoup de présence au cornet à pistons. Le cornettiste joue des passages plus chantés et d'autres plus rythmés. Dans les 3 danses qui suivent, le cornet ne prend que très peu la parole. Dans la "Danse du diable", le cornet, avec une sourdine, est plus agressif qu'auparavant. Quelques traits rapides demandent beaucoup de technique (fig.9).
stravinsky la danse du diable.JPG
Figure 9*
Et pour terminer, dans la "Marche triomphale du diable", des petits motifs laborieux sont exécutés en soliste par le cornet. Stravinsky, au vu de la difficulté, a proposé un ossia*.
Marche triomphale.JPG
Figure 10*
Extraits sonores de "L'Histoire du soldat" :
Après vous avoir présenté quelques œuvres importantes du répertoire du cornet à pistons dans l'orchestre symphonique. Un ensemble des œuvres du cornet à pistons avec orchestre ou piano vous est proposé dans ce qu'on appelle le "Répertoire".
Figure 1* Bizet Georges. " Carmen ", 4 actes, Opéra, Paris, Choudens, 1875.
Figure 2, 3 et 4* Berlioz Hector. " Symphonie fantastique ", Charles Malherbe, Felix Weingartner. 5 mouvements, Leipzig, Breitkopf & Härtel, 1900.
Figure 5* Tchaikovsky Pyotr. " Swan Lake ", 4 actes, Ballet, Opus 20. Manuscrit, s. d.
Figure 6* Stravinsky Igor. " Petrushka ", First edition (reprint), 4 parts, Ballets, K020, Leipzig, Editions Russes de musique, s. d. 
Figure 7 et 8* Stravinsky Igor. " Histoire du soldat ", 16 mouvements,  K029, London, J&W, 1924.
Figure 8 et 9* Stravinsky. " Histoire du soldat ", 16 mouvements, K029, Manuscrit, ca. 1955.
Ossia* : Passage alternatif pour remplacer l'original proposé par le compositeur.
bottom of page