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Les pistons

Ce chapitre a pour objectif de compléter celui sur "La naissance du cornet à pistons". Dans ce dernier chapitre nous avons parlé principalement de la création et de l'évolution du cornet avec comme élément déclencheur les pistons Stölzel. Dans celui-ci, nous allons évoquer le système plus en détails. Nous parlerons aussi de différents types de pistons : certains encore très présents aujourd'hui, d'autres ont disparu au fil du temps ou n'ont même pas eu le temps de se faire connaître. 

Le piston Périnet

  • Comment fonctionne-t-il ? 
Le piston (fig.1) se trouve dans sa position initiale. Le flux d'air émit par l'instrumentiste passe par la colonne d'air principale (en jaune). Lorsque le piston est baissé (fig.2), le flux d'air est dévié et accomplit une plus grande distance. Le ressort se trouvant en dessous du piston est soumis à une pression. Si l'instrumentiste lâche le piston, le ressort le repousse et lui fait reprendre sa position initiale (fig.1).
Piston étap 1 final.png

figure 1

  • Quel est l'objectif du piston ?
Le piston donne la capacité à l'instrumentiste de changer de note. En abaissant le piston, le flux d'air dévie pour passer dans une coulisse, la colonne d'air est alors allongée. Les coulisses sont d'une longueur précise permettant d'avoir une note juste. Sur l'illustration (fig.3), la 1ère coulisse (en vert) permet de descendre d'un ton, la seconde coulisse (en rouge) d'un demi-ton et la troisième (en bleue) d'un ton et demi. Ces 3 pistons permettent à l'instrumentiste de jouer toutes les notes chromatiques à l'aide de 7 combinaisons différentes. 
pistons bonne version.png

figure 2

les pistons.png

figure 3

les-doigtes-de-la-trompette-HD.jpg

figure 4*

Sur cette illustration (fig.4), on  représente les doigtés du cornet à pistons. Ce sont les mêmes que pour la trompette, le bugle, le saxhorn, l'euphonium, etc. Lorsqu'on parle de "pressé", c'est le piston qui est abaissé. À titre informatif,  le 1er piston est le plus proche de l'embouchure, le second au milieu et le troisième au plus près du pavillon.  Sur l'image, la tessiture de l'instrument y est aussi représentée. Du "fa dièse grave" au "contre-ut" voir une octave plus haut pour les plus virtuoses. 

D'autres systèmes

En expérimentant sur les cornets à pistons, les facteurs d'instruments ont développé des systèmes pour tous les instruments de la famille des cuivres. Plusieurs de ses systèmes permettent au cornet d'être un instrument chromatique. Même si le piston est le système principal du cornet, d'autres ont pu exister ou existent encore. Voici quelques exemples au fil du temps :
  • Les pistons viennois (Doppelrohschubventile)

Cornet à cylindres, "système Sax", Adolphe Sax, Paris, 1843. (inv. 80.044). Collection MIM.
Ce type de piston a été inventé en 1821 par Christian Friedrich Sattler. Son invention a connu diverses variantes dont celle de Uhlmann Léopold en 1830 qui fut répandue en Autriche. Les pistons viennois sont actionnés par des petites palettes munies de ressort mettant en mouvement les coulisses. La structure du système oblige à tenir l'instrument avec les coulisses vers le haut. Sur le schéma (fig.5), le premier système n'est pas actionné. Le flux d'air (en jaune) ne traverse que le tuyau principal. Le piston suivant est actionné, la coulisse descend et dévie le flux. Sur l'illustration ci-dessous (fig.6), un cornet à 2 pistons viennois de Van Engelen. Belge actif sur Lierre, il engendre la nomination du piston viennois en "piston belge". Le système viennois sera abandonné vers la moitié du XXe siècle, pour le cornet. Ce type de piston est cependant toujours utilisé. Le Philharmonique de Vienne comporte des cors constitués de pistons viennois. 
piston viennois final.png

figure 5

figure 6

  • Les pistons berlinois (Berliner pumpen)

Le piston berlinois est un dérivé du piston Stölzel. Il est généralement associé au chef d'orchestre allemand Wilhelm Wieprecht qui, grâce à son influence, a permis à ce système de se populariser. Un cornet à pistons berlinois était appelé cornet à cylindres. Le piston est plus large que le piston Périnet. Sur l'illustration suivante (fig.7), ce cornet a un pavillon démontable se positionnant au dessus des pistons. Cette structure n'a été construite que par Sax et Gautrot. À ce jour, plus aucun instrument se façonne avec des pistons berlinois. 
berlinois_1.jpg

figure 7

Cornet à 2 pistons viennois, Van Engelen, Lierre, ca 1840 (inv. M1291). Collection : MIM*.
  • Les cylindres rotatifs (Drehventile)

Le cylindre rotatif est un système imaginé par Stölzel et Bluhmel. Sur le principe, il fonctionne en quelque sorte comme le piston Périnet. On actionne un mécanisme permettant de dévier le flux d'air vers une coulisse additionnelle. La différence est que ce n'est pas un piston qui s'abaisse mais un cylindre qui va tourner sur lui-même (fig.8). Ce système a beaucoup voyagé: en Italie, en Allemagne, il est passé aux Etats-Unis dans la seconde moitié du XIXe et a été travaillé par Bergoley en France. Le cylindre rotatif au contraire des 2 précédents systèmes est toujours bien d'actualité. Malheureusement pour le cornet, il n'en existe presque plus. D'autres instruments comme la trompette et le cor avec ce système sont plus fréquent. Pour le cor d'harmonie, sa version la plus vendue est celle avec les cylindres rotatifs. La trompette, qui en Belgique est connue avec les pistons Périnet, est beaucoup plus présente avec des cylindres en Allemagne, puisqu'elle est considérée comme la trompette du répertoire classique.  
Valve rotative.png

figure 8 

Cornet à palettes, Jean Finck Sr., Strasbourg, avant 1844, NMM* 7104.
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  • Les inventions n'ayant jamais porté leurs fruits

figure 9 

Les inventions présentées ci-dessous sont celles qui n'ont pas prospéré, généralement dû à des défauts non résolus.
En 1835, Halary invente un cornet à plaques tournantes. Ce cornet est relié à l'aide de disques tournants à des tubes additionnels. La surface de frottement étant trop grande ainsi qu'une perte d'air ne permettent pas au cornet d'être utilisé correctement.
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figure 10

Cornet à pistons à plaques tournantes en si bémol, Köhler, Londres, ca 1851. (inv. M1300). Collection : MIM.
Le cornet au "système coeffet" a la particularité d'avoir une boîte métallique qui entoure les pistons. A cause d'un manque d'étanchéité, le projet sera vite abandonné.
coeffet.JPG

figure 11 

Cornet à pistons en si bémol avec le système coeffet, Anonyme, France, ca 1845 (inv. M2019). Collection : MIM. Photo : Anne Meurant. 

Aujourd'hui

Depuis l'invention du piston par Périnet, ce système est devenu le modèle principal en France et en Angleterre. Il se standardise aux États-Unis en 1870. Dans la première moitié du XIXe siècle, la trompette aux pistons Périnet est associée au jazz en Allemagne et en Russie. À la suite de la Seconde Guerre mondiale, ce système devient universel sauf en Allemagne où certains orchestres décident de garder la trompette à palettes (cylindres rotatifs) pour une question de tradition. Aujourd'hui, cette trompette est toujours très récurrente dans tous les types d'orchestres en Allemagne. Le cornet à pistons, lui, gardera comme système principal les pistons Périnet.
Ce chapitre est inspiré de Dumoulin, Géry, éd. Musée des instruments de musique. 10: Cornets à piston = Cornetten / Géry Dumoulin, 2001.
figure 4* https://apprendre-la-trompette.fr/les-bases-de-la-trompette/les-doigtes-de-la-trompette/

NMM* : National Music Museum, University of South of Dakota, Vermillion.
MIM* : Musée des instruments de musique de Bruxelles.
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